San Valentin : la retraite de Patagonie

Au 19ème siècle, Antoine de Tounens, clerc de notaire à Périgueux, pointa sur une carte du monde une des dernières régions non gouvernées et s’autoproclama roi de Patagonie. Après avoir rédigé une constitution, défini les couleurs d’un drapeau national et lancé (en vain) une souscription nationale pour lever une armée, il se rendit sur place pour visiter ses nouveaux sujets et faire reconnaître sa légitimité. Après quelques semaines, il écrivit : « Le Chili est un pays sans mesure. Au nord, il ne pleut jamais. Au sud, il pleut sans cesse. A l’extrême nord, le soleil brûle la terre et l’eau. Au sud, le froid les gèle. Au nord, tout se dessèche. Au sud, tout pourrit. J’étais le roi de l’enfer. J’étais le roi de ces fous. » Et il ajouta, à propos de la Patagonie : « Chaque marin, à Magellan, est marqué par l’incrédulité et la stupéfaction qu’on éprouve à savoir que des êtres humains (les Indiens) parviennent à survivre dans cette désolation. Le soleil est un miracle qui ne se produit que trois à quatre matins par an. Des nuages chargés de grêle et de neige se ruent de tous les quartiers de l’horizon tandis que s’abattent dans l’eau des blocs énormes détachés des glaciers, produisant des vagues monstrueuses. »

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