Worldloppet acte 5 : le très encombré Engadin Ski Marathon (Suisse)

C’est en Engadine, dans le canton des Grisons au sud-est de la Suisse, qu’a lieu la course de ski de fond du circuit Worldloppet. Symboles de cette région, la ville de Saint Moritz et le sommet de la Bernina qui culmine à 4049m et forme, avec le Piz Palu (3905m), un des plus beaux paysages de haute montagne des Alpes. J’en ai fait l’ascension il y a une quinzaine d’années et en garde un souvenir très fort.

Piz Palu au centre, Bernina à sa droite (photo Y. Roumazeilles)
La Bernina au centre de la photo
La ‘Biancograt’ de la Bernina, qui fait rêver les alpinistes
Le Piz Palu et ses trois piliers; parcourir l’arête (de droite à gauche) est un vrai régal

La région possède un réseau de pistes entretenues assez étendu, notamment sur les lacs de la vallée, gelés en cette saison. La plupart des pistes accueillent skating et technique classique, même si certaines sont réservées à l’un ou l’autre des styles, et il ne faut pas se tromper sous peine de s’attirer les réprimandes des skieurs locaux!

La course accueille traditionnellement des coureurs de renommée internationale, comme le Suisse Dario Cologna, un des meilleurs skieurs sur le circuit de la Coupe du Monde de ski de fond. Cette année, l’équipe de France de ski de fond est également au départ avec notamment M. Magnificat, JM Gaillard, C. Parisse et A Backscheider. Au final, c’est le Suisse qui s’imposera au sprint devant JM Gaillard, les sept premiers coureurs se tenant en deux secondes.

Les skieurs Elite en action (photo: organisation)
Les skieurs Elite en action (photo: organisation)

Outre la présence des skieurs Elite, le marathon de l’Engadine a la réputation d’être la plus populaire des courses de ski de fond longue distance avec près de 11000 personnes au départ pour les 42km et 2500 pour le 21km. La particularité de cette course est que marathoniens et semi-marathoniens partent ensemble, tout comme technique classique et skating. Je le constaterai sur la piste, très peu de skieurs en classique au demeurant. Mais en conclusion, énormément de monde sur le parcours! La barrière horaire est très large avec un temps limite de 6h40 pour les 42km.

La Vasaloppet, célèbre épreuve suédoise en style classique, accueillait 15800 partants en 2019 et dispute donc au Ski Marathon Engadine le titre de course la plus populaire au monde!
(crédit: organisation Vasaloppet)

Pour avoir une idée de ce qui m’attend, j’ai reconnu le parcours deux jours avant, avec pas mal de monde à l’entraînement mais sans aucune commune mesure avec la fréquentation attendue lors de la course.
Dans la préparation, il y a aussi le fartage. Pas de facilités mises à disposition de la course mais les magasins de la vallée sont nombreux à vous proposer leurs services. Je recommanderais volontiers Bernina Sport à Pontresina, terriblement efficace avec son pack premium (high fluor et poudre).

Le départ a lieu à Maloja et l’on ne peut s’y rendre en voiture: la police arrête les véhicules de coureurs (même accompagnés pour une dépose minute) à Silvaplana, à plus de dix kilomètres de Maloja. Un bus vous emmène ensuite au départ, où il ne reste plus qu’à confier ses affaires aux camions de l’armée suisse, à passer dans l’une des quarante toilettes mises à disposition (hors urinoirs) (!) puis trouver votre sas de départ. Quatre vagues élites séparées de 5 minutes, puis quatre vagues ‘populaires’ (A, B, C et ‘le reste’) qui partent les unes après les autres en un flux relativement continu. Les derniers se mettent en route 1h20 après les Elite qui viennent alors d’en terminer! Tout le monde part sur fond de musique des Chariots de Feu de Vangelis, ambiance UTMB, ça donne des frissons et ça fait monter le cardio d’une bonne vingtaine de pulsations!

Arrivée des skieurs dans l’aire de départ, près du Maloja Palace (photo: organisation)
Dans le SAS de départ (vue depuis le SAS)
Le départ: les SAS à gauche, que l’on libère les uns après les autres; les skieurs marchent jusqu’à la partie droite les skis à la main, chaussent puis s’élancent! (photo organisation)

Le parcours emprunte les deux lacs gelés entre Maloja et Champfer, sur un peu plus de 13 kilomètres et une surface relativement gelée, pour une glisse très rapide. J’ai parcouru les 6 premiers kilomètres en vingt minutes, du jamais vu sur terrain plat en ce qui me concerne! Le lac est large et il n’y a aucun problème de place, le trafic est fluide.

Juste après le départ, une des premières vagues: il n’y a pas encore grand monde!
(Photo: organisation)

Sur le lac gelé (photo: organisation)
Trafic fluide (pour l’instant)
Trafic un peu moins fluide (ça dépend des moments) (Photo: organisation)

Entre Champfer et Pontresina (km 21), le parcours emprunte la forêt et c’est là une toute autre histoire. On ne peut skier qu’à deux de front à de très nombreux endroits. Ça frotte terriblement, difficile de se faire une place, il y a toujours quelqu’un pour marcher sur vos bâtons et/ou vos skis. De nombreuses chutes qui ajoutent à la pagaille, de nombreux bouts de bâtons brisés sur la piste.
Difficile aussi de doubler ceux qui sont partis avant vous et sont plus lents. Et cerise sur le gâteau: on attend immobiles plusieurs minutes au pied de chaque montée. Voilà sans doute pourquoi le nombre de montées est limité au minimum sur le parcours du marathon: à cause des bouchons! L’ensemble donne une impression de RER parisien aux heures de pointe. ce scénario de course la rend également très exigeante avec un effort en fractionné, rythmé par les arrêts ou ralentissements forcés et les accélérations marquées pour doubler dans un espace réduit.

Au pied des montées: on a le temps de manger, boire,
enlever les gants pour sortir le téléphone et faire les photos

Dans les descentes: ça n’avance pas plus vite! (Photo : organisation)
(Photo: Y. Roumazeilles)
(Photo: Y. Roumazeilles)
(Photo: Y. Roumazeilles)

Le parcours traverse de nombreux villages entre Pontresina et l’arrivée à S-Chanf, ce qui permet aux résidents de venir nous encourager bruyamment, parfois avec les cloches ou avec les traditionnels ‘hop, hop, hop’ spécialement efficaces dans les montées (sauf quand il y a trop de monde…). Merci pour ces encouragements!

La course serpente entre les villages (photo: organisation)

En contrepartie, les spectateurs profitent du spectacle et peuvent par exemple repérer de magnifiques combinaisons de coureurs.

Photos: Y. Roumazeilles

Au 40ème kilomètre, on se fait encore marcher sur les skis. Certains ont manifestement de l’énergie à perdre! Finalement, le parcours très roulant (100m de dénivelée net négatif, avec seulement 260m de montée) et le vent de dos (env. 20km/h) permettent de réaliser un record personnel pour la distance des 42km (3h02 pour moi, y compris arrêts ravitaillements et temps passé dans les bouchons).

Du monde à l’arrivée (encore et toujours!)

Merci aux innombrables volontaires qui ont permis à cette course de se tenir!

Les bénévoles à l’échauffement (photo: Y. Roumazeilles)

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