Les incontournables de la faune du Japon en hiver (Hokkaido, Yamanouchi)

Quand j’ai demandé à Yves s’il préférait le sud de l’Allemagne ou le Japon début février pour une course de ski de fond, il n’a pas hésité longtemps. “Sapporo ? C’est sur l’île d’Hokkaido ? En hiver ? Alors, il y a des grues, des pygargues de Steller, et les singes des neiges…” Entendu, partons au Japon !

Appelée ‘tancho’ en japonais, la grue est omniprésente dans l’environnement. Elle est symbole de bonheur et de longévité. Elle apparaît sur le billet de 10000 yen, sur des bouteilles de saké, des kimonos de mariage et des objets de décoration. On la trouve dans l’art japonais, des peintures bouddhistes et dans le logo de JAL, une des deux principales compagnies aériennes du pays. La grue japonaise a failli disparaître principalement du fait de la chasse à l’ère Meiji (fin du 19ème au début du 20ème siècle). Elle est réapparue dans le marais Kushiro Shitsugen, à l’est de l’île d’Hokkaido, grâce à des habitants locaux qui décidèrent de la nourrir en hiver. Depuis sa désignation de Monument Naturel en 1935, l’espèce est protégée. Hokkaido compte dorénavant près de la moitié de la population mondiale de grues (3000). C’est le plus grand oiseau au Japon (taille 1,50m, poids 8 à 10 kg, envergure jusqu’à près de 3m). Elle possède une calotte rouge et un plumage noir et blanc. Elle est célèbre pour sa danse à la période des amours; préférez sans doute le mois de février pour y assister.


La grue est un oiseau omnivore qui se nourrit de petits poissons, de grenouilles, d’insectes et de graines. Aujourd’hui, les grues se trouvent principalement dans la région de Tsurui et sont nourries à trois endroits : le Tsurui Ito Tancho Sanctuary (fondé en 1987 par la Wild Bird Society of Japan, le Tancho Observation Center (mitoyen au Akan International Crane Center – sauf en cas de crainte de la grippe aviaire) et le lieu-dit de Tsurumidai.

Le pont Otawa est un autre site d’observation : les grues dorment près de la rivière Setsuri, s’y réveillent avant de s’envoler pour aller se nourrir. Il y a foule de photographes qui immortalisent la brume au-dessus de la rivière (s’il fait assez froid) et les changements de couleur… Certains arrivent en milieu de nuit pour poser le trépied et réserver leur place! Grosse densité de très gros téléobjectifs!

Chouette Oural: non loin du pont Otawa, au détour d’une contre allée puis d’un sentier, un couple niche saison après saison. Ces oiseaux étaient plus actifs qu’attendu en début d’après-midi et nous avons assisté à un bisou de chouettes!

Cygnes siffleurs, au bec triangulaire, qui émergent des vapeurs de sources d’eau chaude qui alimentent le lac Kussharo par endroits (notamment Kotan onsen): ambiance garantie au lever du soleil quand les températures sont encore bien fraîches ! Il vaut la peine de monter à l’observatoire du lac Mashu, voisin, qui offre une vue spectaculaire sur ce lac de caldera, sur fond de montagnes enneigées.

Pygargues: de Steller (ou empereur) ou à queue blanche, ces oiseaux migrent du Kamchakta, du nord de l’île de Sakhaline et du fleuve russe Amour et passent l’hiver en nombre à l’est de Hokkaido, vers les péninsules de Shiretoko et de Nemuro. Il faut scruter le ciel, regarder dans les arbres aux abords de la mer ou des lacs gelés. A Nemuro, près de la Road station Swan 44, un restaurateur les nourrit avec du poisson congelé et propose aux photographes de profiter du spectacle, moyennant contribution… A Rausu, on sort en bateau pour les admirer sur la banquise à partir de mi-février ou, à défaut, pêcher dans l’eau.

L’eau libre fournit sa nourriture au pygargue empereur. Il pêche dans les lacs ou près des côtes, en plongeant et en ressortant avec le poisson dans ses serres. Il peut aussi se positionner sur la banquise et attraper un poisson quand il en voit passer, ou encore le voler à d’autres oiseaux.

Milans noirs: on peut aussi en voir en grand nombre sans difficulté; ils profitent des mêmes séances de poisson congelé de Nemuro, qu’ils disputent aux pygargues…

Grand-duc de Blakiston: dans la culture indigène locale, il était considéré comme un Dieu protecteur des villages. Le développement économique détruisant les forêts, qui constituent son habitat, et canalisant les rivières, d’où elle tire sa nourriture, l’espèce est désormais en danger. Il reste environ 140 specimens à Hokkaido.

Renards: ils peuvent être aperçus un peu partout dans l’est de l’île, mais restent craintifs et donc difficiles à photographier. A l’exception peut-être des résidents de la péninsule de Notsuke qui ont été pleinement coopératifs, nous sortant la grand show par une journée radieuse. Que du plaisir!

Cerfs: nombreux vers Nemuro, encore davantage sur la péninsule de Notsuke, ils n’aiment pas le vent et se cachent dans la forêt. Ils encombrent parfois la route, pour le bonheur des photographes.

Macaque japonais: également appelé Singe des neiges, parce qu’il réside dans des régions couvertes de neige une grande partie de l’année. C’est le primate qui vit le plus au nord, dans le climat le plus froid et qui se réchauffe en prenant des bains dans des sources naturelles d’eau chaude. L’épaisseur de sa fourrure augmente avec la baisse des températures. On peut lui rendre visite près de Nagano, au parc de Jigokudani.

Pour plus de photos: cliquer ici

Pour le coin pratique: les facilités offertes par Internet sont une bénédiction pour organiser soi-même un voyage sans parler japonais, à commencer par l’itinéraire, directement fonction de ce que vous voulez faire et voir. De nombreux sites de photographes et de voyages peuvent vous inspirer.

Conduire en hiver au Japon: les pneus neige sont indispensables, le 4×4 peut-être un plus mais pas certain. Conduite à gauche, contrairement aux habitudes françaises. Les routes sont pour la plupart enneigées même si les chasse-neiges dégagent rapidement après une chute de neige. Nous avons rencontré très peu de trafic dans la partie est de Hokkaido. La vitesse est limitée à 50km/h sur les routes départementales… ce qui peut devenir soporifique à la longue! Attention au blizzard qui peut sévir, diminuer radicalement la visibilité et gêner la circulation même si des bâtons (sur le côté) et des flèches de couleur (en hauteur) indiquent la voie à suivre. Les panneaux comportent des indications en caractères latins. L’assistant GPS nous a bien aidés; il peut être alimenté par la connexion Internet portative ci-dessous.

Voiture de location et connexion Internet: nous les avons obtenues sur http://www.vivrelejapon.com/, un site vraiment pratique, plein de bonnes idées et fiable. La traduction en japonais de votre permis de conduire? Ils peuvent s’en occuper!

Météo: il a fait entre -11° et zéro soit 10 à 15° au-dessus de la normale pour une fin de mois de janvier. Vent fréquent, violent en rafales. Une alerte neige et une alerte tempête: mieux vaut prévoir un peu de marge de sécurité dans le programme pour augmenter les chances de faire ce qui était prévu.

Hébergements: cette période de l’année est très fréquentée, aussi vaut-il mieux s’y prendre à l’avance pour réserver, via les moteurs dédiés ou via les sites Internet des auberges / hôtels. Certains établissements n’ont pas de site Internet, pas d’adresse mail; s’ils ont un numéro de téléphone, encore faut-il qu’ils parlent anglais… Il faut alors sonder votre réseau pour trouver une personne parlant japonais, capable d’appeler et réserver pour vous. Tous nos hôtes ont été d’une grande gentillesse et nous ont réservé un accueil très souriant.

  • Tsurui: hôtel Taito (www.hotel-taito.co.jp), détenu par un photographe. Peut être réservé au plus tôt trois mois avant la date de séjour, par une personne parlant japonais. L’établissement accueille de nombreux groupes et nous n’avons pu y séjourner qu’une nuit
  • Tsurui : Heart’n Tree, bungalow assez rustique, personnel sympathique. N’est pas sans rappeler les années hippies…
  • Lake Kussharo: Gasthof Papilio (www.gasthof-papilio.com), situé idéalement par rapport aux endroits où l’on peut voir les cygnes. Couple d’hôtes très souriant, ne parlant pas anglais mais on se comprend quand même (dans les grandes lignes)! Ils nourrissent des oiseaux et des écureuils le matin, avis aux photographes!
  • Nemuro: Field Inn Furo-So, chambre ‘japonaise’ chez l’habitant, sanitaires partagés. Pancakes sans gluten et confitures maison au petit déjeuner. A réserver par téléphone par une personne parlant japonais
  • Rausu: Washi-no-yado, connue pour nourrir un grand-duc de Blakiston! Peut être réservé via Shinji Sato (sato@greenonblue.xsrv.jp). Prestation très sommaire, tout est organisé autour de la visite du hibou et le reste est accessoire. Se préparer à très peu dormir la nuit, puisqu’on veille pour photographier le hibou! (environ 5 à 7 apparitions en tout début puis fin de nuit)
  • Jigokudani Monkey Park: hôtel Sakaeya, hébergement de style japonais traditionnel et très soigné. Disponible sur les moteurs de recherche. Il faut réserver le repas à l’avance.

Paiements: certains établissements, activités (eg excursion en bateau à Rausu), droits d’entrée, supérette… doivent être payés en espèces. La carte de crédit est moins répandue qu’en Europe. Le coût de la vie restant élevé, il peut être opportun de souscrire avant le départ une carte autorisant les paiements et surtout les retraits au Japon sans frais bancaires. Les distributeurs n’acceptent pas tous les cartes non émises au Japon (eg aéroport Kushiro); nous avons eu recours aux ATM des bureaux de poste, qui facturent c.2EUR par retrait quel que soit le montant (limite de c.400EUR par retrait, possibilité de faire plusieurs retraits à la suite).

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