Chroniques népalaises

Focus sur quelques aspects d’un séjour au Népal: les porteurs, les cuisiniers d’expédition, la rencontre de deux grimpeurs renommés et la visite de quelques sites célèbres de la vallée de Katmandou (Bakhtapur, Swayambunath, Bodnath).

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La culture népalaise de PORTAGE

Dans un pays où le relief limite la construction d’infrastructures et des villages se trouvent à plusieurs jours de marche du bout de la route, une véritable culture du portage s’est développée et perdure. Si certains porteurs sont aujourd’hui pendus à leur téléphone portable, ils portent toujours au moyen d’une hotte en osier (‘dokho’) et d’une sangle autour du front, et les charges restent impressionnantes. Généralement 30 à 35kg pour les porteurs d’expéditions ou de treks, sauf terrain particulièrement difficile ou étape très longue.Ils sont rémunérés 16 USD par jour en 2011, un tarif négocié par le syndicat des porteurs. D’autres porteurs sont davantage rémunérés, qui sont en réalité leur propre patron: ceux qui ravitaillent Namche Bazar, par exemple, achètent leur marchandise à Jiri (le bout de la route) et montent dans la vallée de l’Everest pour la vendre là où ils estiment qu’ils en tireront le meilleur profit.

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Des porteurs montent au camp de base du Langtang Ri

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Les porteurs viennent de Jiri et montent dans la vallée de l’Everest

Certains porteurs ne sont vraiment pas vieux…

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Les Népalais portent également dans leur vie quotidienne, et ce de 7 à 77 ans:

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Une alternative aux porteurs pour les treks et expéditions? En fonction du terrain et surtout de l’altitude, on peut utiliser des yacks qui portent 60 à 80kg. Attention: ils sont capricieux, surtout les tibétains!

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Au Népal, ce sont souvent de ‘dzo’, croisement de vaches et de yacks, qui tolèrent une altitude moins élevée (on en voit à Lukla, vers 2800 mètres).

135_CRecord d’altitude pour des yacks tibétains: 6400mètres, au camp de base avancé de l’Everest (la pointe en haut à droite de la photo) côté tibétain

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02-ChargementYacks1 04-ChargementYacks3 Le chargement des yaks tibétains est un processus de longue haleine: il faut aller chercher les yaks, éparpillés dans la montagne; il faut ensuite les approcher en les amadouant avec des paroles douces:(‘tchâââ, tchâââ, tchâââ’); enfin, essayer de les charger (ils n’aiment pas, ruent dangereusement et se secouent pour se débarrasser de la charge).

RENCONTRE DE GRIMPEURS D’EXCEPTION

Comme en Alaska, les montagnes du Népal attirent des grimpeurs à la renommée internationale. Uli Steck était présent cet automne à l’Ama Dablam avec son épouse (son site personnel).

A Pangboche, j’ai croisé deux alpinistes britanniques: Andy Parkin et Victor Saunders, qui vivent depuis plusieurs années dans la vallée de Chamonix. Andy est célèbre pour un grand nombre d’ouvertures de voies nouvelles, en glace ou mixte (cliquer ici).  Son équipementier écrit de lui:

Andy’s phenomenal talent as an all-round climber, performing at the highest standards on technical rock through to Himalayan mountaineering led to a series of major ascents through the world including the first alpine style solo of the Walker spur in winter and an alpine ascent of Broad Peak (8047m) in the Karakorum, Pakistan. First ascents of “Beyond Good and Evil”, “Sans Nom – Sans Ame” and “Pelerinage” in the Mont Blanc range, together with “Vuela de la Noche” and “Los Tiempos Perdidos” in Patagonia typify Andy’s climbing strengths on the greatest difficulty of mixed climbs, many of which he climbs solo – the ultimate challenge for any mountaineer.

 In 1984 a serious accident in Switzerland nearly claimed Andy’s life. It seemed unlikely he would ever climb again. However Andy’s determination saw him fight back to health and after a long rehabilitation he eventually began climbing again. During his recovery Andy turned increasingly to his artistic interests and developed a considerable body of work of both painting and sculpture. So much so that he is now known as much for his inspirational artwork as for his legendary climbing exploits. 

 “Climbing and life are, I believe, not about conquering or dominating but adaptation…my life style has evolved from that of a climber to one of artist/climber. These two apparently dissimilar activities allow me to explore the mountain ranges of the world, looking for first ascents, adventure and images.” 

Victor (qui n’a pas voulu me donner son nom de famille, je l’ai appris après-coup par indiscrétion!) est particulièrement connu pour l’ouverture en 1987 du Golden Pillar au Spantik mais a réalisé de très nombreux autres sommets (sa biographie). Je suis passée au pied du pilier lors d’un de mes séjours au Pakistan, c’est impressionnant!

Le Golden Pillar doit son nom au marbre rose orangé qui capte merveilleusement la lumière du couchant. On peut l’apercevoir en grimpant les collines derrières Karimabad. Il s’agit du plus grand Big Wall (et probablement l’un des plus beaux) du Karakoram dans une région qui n’en manque pourtant pas. Le Golden Pillar a souvent été comparé aux grandes voies alpines telles que l’éperon Walker ou le pilier Nord-Ouest des Droites avec une différence de taille : le Walker commence à 3000 m. et culmine à 4000 tandis que le Golden Pilar commence à 5000 et se termine à 7000m, 200 m. sous le sommet. Ce pilier est en marbre monolithique d’une qualité exceptionnelle, roche que l’on retrouve dans toute la région, particulièrement au Gasherbrum IV, au Skyang Kangri et jusqu’au Ladakh au Saser Kangri. Ce pilier Nord-Ouest, objectif des Anglais M.Fowler et A.Saunders a été en 1987 une des courses mixtes d’altitude parmi les plus difficiles jamais réalisées à ce jour (8 bivouacs). Toutes les tentatives précédentes avaient eu lieu sur le versant opposé.

Photos du Golden Pillar (source Internet)

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Dernière photo: les points rouges figurent les bivouacs qui ont été nécessaires à une répétition de la voie de V. Saunders.

Le récit de l’ascension (ainsi que de trois autres voyages techniques au Pakistan): “Elusive summits” de V. Saunders (en anglais).

 

LES CUISINIERS D’EXPEDITION

Le travail du cuisinier est un facteur clé de la réussite d’une expédition. Sa mission: veiller à la santé du groupe (hygiène + variété des plats) et entretenir le moral des troupes! Dans des conditions souvent précaires, le cuisinier réalise souvent des prouesses: pancake à la farine de riz, pizzas (avec une pâte sans gluten!), gâteaux (avec gluten, malheureusement…). Un coup de chapeau à tous les cuisiniers népalais dont la renommée dépasse les frontières de leur pays puisque de nombreux alpinistes les embauchent notamment en Inde!

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Des conditions pas toujours faciles…

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La spécialité des cuisiniers népalais qui épate toujours les touristes! (“mais dans quel four ont-ils bien pu cuire ce gâteau??“)

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Un kitchen boy, pas bien vieux…

KATMANDOU

La capitale népalaise grossit, comme son trafic (et ses klaxons, au royaume de la motocyclette), sa pollution et ses poubelles. Du recyclage apparaît ici et là mais la ville aurait besoin de se doter d’un système de gestion des déchets adapté à la taille de sa population (6 millions d’habitants).

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Le quartier touristique de Thamel

Il est intéressant de consacrer quelques jours à la visite de temples ou de vieilles villes. Outre les pagodes de Durbar Square, en plein centre, j’aime beaucoup les temples de Bodnath et Swayambunath ainsi que la vieille ville de Bakhtapur. Les temples bouddhistes, contrairement aux temples hindhouistes, sont ouverts au public.

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La vieille ville de Bakhtapur et ses pagodes

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Le travail du bois sur les pagodes

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D’innombrables articles sont proposés aux touristes, dont des masques et des marionnettes et divers articles….

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… ainsi que d’autres curiosités (mandalas et tangkas peints à la main)

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Sur une petite place de Bakhtapur, une femme fait sécher des céréales

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Le stupa de Swayambunath, le “monkey temple” où des centaines de singes jouent entre les arbres, les temples et les statues, et se pendent aux drapeaux de prières

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D’innombrables pèlerins tournent autour de la stupa de Bodnath dans le sens des aiguilles d’une montre, en actionnant les moulins aux prières. (vidéo)

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Une pause dans les tours de stupa

Le monastère de Shechen, juste derrière Bodnath, où vit le moine français Matthieu Ricard (son blog), de merveilleuses photos dans la “Gallerie”

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KTM-BodnathL’entrée d’un temple


Célébration de moines dans le temple (vidéo)

Les peintures murales des temples, ci-dessous la Roue de la Vie

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Les statues du temple, au pied desquelles les pèlerins prient et déposent des offrandes

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Les lampes à beurre, offrandes des pélerins

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Quant aux moulins de prières… de toutes les tailles et toutes les couleurs!

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Bref… il ne vous reste qu’à prendre un billet d’avion. Evitez Gulf Air, certes la compagnie la moins chère mais avec laquelle vous avez toutes les chances de passer une nuit à l’escale à cause du surbooking pratiqué de façon systématique; votre seule chance d’arriver à l’heure prévue est d’avoir à Roissy la carte d’embarquement du second tronçon.

 


4 thoughts on “Chroniques népalaises

  1. Peut être un jour pourront nous échanger nos impressions sur ce Népal tellement dérangeant et attachant. Je l’ai découvert cette année et je ne peux m’empêcher d’y penser très souvent. Les gens,
    les climats, la végétation,…et les problèmes ….

    Amitiés !

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